La présence d'architectes étrangers en Algérie, et en particulier d'architectes italiens, a été surtout importante de la fin des années 1960 à 1978, période qui s'étend du renforcement du pouvoir du président Houari Boumédiène à son décès.

Dans les plans quadriennaux définis par le gouvernement pour relancer la construction, quatre secteurs étaient définis comme prioritaires :

– les habitations à bon marché,

– les édifices scolaires (des écoles élémentaires à l’université),

– les complexes industriels,

– les villages socialistes destinés à endiguer l’exode rural.

Lançant un appel à la collaboration internationale, le gouvernement Boumédiène s'adressa aux architectes de nationalités diverses. Ses motivations politiques étaient doubles :  présenter l’Algérie comme un pays ouvert à la modernisation et engagé dans la réduction du fossé industriel et technologique qui le séparait de certaines zones européennes de la Méditerranée ; faire de l’Algérie le leader du bloc des pays non-alignés, ce qui explique l’engagement fort du gouvernement dans l’amélioration de l’offre hôtelière et dans la construction de complexes résidentiels adaptés à l'accueil de délégations diplomatiques. C'est dans ce secteur que les architectes italiens ont été particulièrement actifs.

La majeure partie des architectes italiens ayant travaillé en Algérie pendant cette période était de jeunes diplômés. Ils ont principalement œuvré dans les agences de planification territoriale et urbanistique comme le COMEDOR (Comité permanent d’étude, de développement, d’aménagement et d’organisation de l’agglomération d’Alger) ou la CADAT (Caisse d’aménagement du territoire), et dans les écoles d’architecture en tant qu’enseignants.

Le centre principal de la présence italienne était Alger, où Luigi Moretti, figure jouissant d’une notoriété internationale, avait installé dès 1969 une succursale de son agence de Rome. Après sa mort en 1973, l’activité de son agence a été poursuivie par ses collaborateurs Giovanni Quadarella, Pierluigi Borlenghi, Lucio Causa et Robert Morisi.

Luigi Piccinato, assisté de Federico Malusardi, a ouvert entre 1978 et 1981 des agences à Bouira, Blida et Alger pour la CADAT. Ils y ont élaboré les plans d’urbanisme de plusieurs petites villes. Le BAUT (Bureau d’architecture et d’urbanisme de Tlemcen), fondé par Andrea Nonis avec Vittorio Franchetti Pardo, s’est distingué par un nombre élevé de réalisations dans la province de Tlemcen mais aussi en dehors.

Enfin, dans le domaine de l’enseignement, il convient de signaler l’activité de Lionello De Luigi qui fut, de 1968 à 1970, directeur de l’École nationale d’architecture d’Alger.